Espagne

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Casque Modèle 34

Fiche

  • Dénomination : Casque modèle 34 "Eibar".
  • Créé par l'arsenal d'Eibar.
  • Destiné à une utilisation générale.
  • Coiffe constituée de 4 pattes en cuir, maintenues sur un cerclage métallique.
  • Jugulaire en cuir, fixation par boucle à ardillon.
  • Caractérisitiques : forme très proche du modèle 26 "con ala".
  • Fabriqué à partir de 1934.
  • Distribué à partir de 1938.
  • Pays d'origine : Espagne.
  • Période d'utilisation : de 1934 aux années 1950.
  • Matériaux : acier.
  • Poids : 980 g.
  • Taille : unique.
  • Couleur : kaki marron ou vert olive.
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Exemplaire dans sa condition d'origine.
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Exemplaire reconditionné après 1943.
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Autre exemplaire reconditionné sans support d'insigne.

Historique

Durant la Première Guerre mondiale, bien que neutre, l'Espagne observe avec attention les innovations techniques des nations belligérantes. À l'issue du conflit, la plupart des pays européens se dotent de casques en acier pour leurs armées, conscients des leçons tirées des combats modernes. L'Espagne, bien qu'en paix, est engagée depuis 1911 dans un conflit colonial long et localisé au Maroc. Dans ce contexte, les autorités militaires privilégient les coiffures légères de type colonial, jugées plus adaptées au climat nord-africain, et ne jugent pas nécessaire l'adoption immédiate d'un casque métallique. Néanmoins, au cours des années 1920, l'armée espagnole initie des études en vue d'adopter un casque en acier. Plusieurs fabricants, espagnols et étrangers, proposent des prototypes. Deux modèles se détachent : l'un inspiré du casque Adrian français modèle 1915, proposé par la société Hijo de B. Castels à Barcelone, et un autre basé sur le casque autrichien Berndorfer, conçu par l'arsenal d'artillerie de Trubia.
Ces modèles sont rejetés, mais le projet de Trubia, dirigé par le commandant Don Antonio Ramírez de Arellano, évolue pour donner naissance au modèle 1921. En 1930, une commande de 12 000 unités est lancée. En parallèle, une variante du modèle 21 est présentée en 1926 : elle se distingue par une forme évasée formant une visière protectrice. Ce modèle est baptisé modèle 26 "con ala" (avec visière), tandis que le modèle 21 devient rétrospectivement le modèle 26 "sin ala" (sans visière). Une première commande de 1 500 exemplaires du modèle à visière est passée.
Le modèle 26 "con ala" est officiellement adopté par arrêté royal N°363 du 3 novembre 1930. Les casques sans visière sont relégués en stock pour une éventuelle vente à l'étranger. En 1931, un budget est approuvé pour la fabrication de 20 000 unités supplémentaires du modèle avec visière, consacrant son adoption définitive.
La proclamation de la Deuxième République espagnole, le 14 avril 1931, marque la fin de la monarchie d'Alphonse XIII, contraint à l'exil après la victoire républicaine aux élections municipales. Si ce changement est initialement accueilli avec enthousiasme, les divisions politiques, sociales et économiques resurgissent rapidement. Entre 1931 et 1936, l'Espagne est secouée par des grèves, émeutes et mouvements autonomistes dans plusieurs régions. En réponse à l'augmentation des troubles, le gouvernement crée en 1932 une force intermédiaire entre l'armée et la Guardia Civil : la Guardia de Asalto. Spécialisée dans le maintien de l'ordre urbain et les combats rapprochés, cette milice est équipée d'un nouveau casque, dérivé du modèle 26 "con ala", développé par l'arsenal d'Eibar dans la province basque du Gipuzkoa.
Plus léger et offrant une meilleure liberté de mouvement, ce casque est adopté en 1934. Sa production débute la même année, mais est rapidement interrompue par la guerre civile. Ce modèle est désigné sous plusieurs appellations : casque Eibar, du nom de sa ville d'origine, modèle 34, en référence à son année d'adoption, ou encore modèle 38, correspondant à sa diffusion massive durant la guerre civile espagnole.
En 1934, le casque modèle 26 fait son baptême du feu lors de l'écrasement sanglant de l'insurrection ouvrière des Asturies. La gauche s'est soulevée contre l'entrée au gouvernement de la Confédération espagnole des droites autonomes, issue des élections de 1933. L'armée, déployée pour réprimer le soulèvement, utilise massivement le modèle 26.
L'élection du Frente Popular en février 1936 ravive les tensions. L'assassinat du chef monarchiste José Calvo Sotelo en juillet 1936 précipite le soulèvement militaire, amorcé le 18 juillet. Ce putsch manqué débouche sur une guerre civile qui s'étendra jusqu'en 1939.
Durant le conflit, les deux camps utilisent les modèles déjà en dotation : modèles 21, 26 et 34. Chaque camp complète son équipement par des importations étrangères :
– Les nationalistes reçoivent les casques italiens M933, portugais M916 et allemands modèle 35.
– Les républicains sont approvisionnés en casques soviétiques Ssh 36, tchécoslovaques Vz 30 et français Adrian modèle 1926.
La guerre d'Espagne est marquée par des exactions des deux côtés, des bombardements aériens de civils, et la répression sanglante d'opposants politiques. Elle constitue un prélude aux affrontements idéologiques de la Seconde Guerre mondiale. Tandis que la France et le Royaume-Uni adoptent une posture de non-intervention, seuls l'URSS et les fascismes italien et allemand interviennent directement, chacun pour soutenir leur camp.
Après la victoire franquiste en 1939, l'armée récupère un matériel hétéroclite. Afin d'unifier l'équipement et de rompre avec les symboles de la République, un nouveau casque est étudié par l'arsenal de Trubia.

Modèle 26 con ala.
Modèle 26 "con ala".

Deux prototypes voient le jour :
– Le modèle 40, évolution du modèle 26 sans visière, proche du casque tchécoslovaque Vz 32.
– Le modèle 41, silhouette hybride inspirée des casques allemands modèles 16 et 35.
Ce dernier donne naissance au modèle Z-42, officiellement adopté le 3 septembre 1942. Ce casque, copie espagnole du modèle allemand 35, sera utilisé tout au long de l'ère franquiste. En attendant sa production à grande échelle, les anciens modèles (21, 26, 34 et casques étrangers) sont reconditionnés : repeints en vert olive, dotés d'un insigne franquiste soudé et d'un nouveau système de coiffe inspiré du Z-42. Ces casques modifiés sont affectés aux réserves.

Modèle 34. Modèle 34. Modèle 34.

Constitution

La coque :

Vue avant.
Vue avant.
Vue de coté.
Vue de coté.
Vue arrière.
Vue arrière.
Vue de dessus.
Vue de dessus.

La coque du casque modèle 34 est réalisée par emboutissage progressif à partir d'une feuille d'acier d'épaisseur réduite (1 millimètre) par rapport à celle utilisée pour les casques modèle 26. Cette caractéristique explique le poids inférieur du casque modèle 34. L'acier était fourni par l'aciérie Guevara AHV de Trubia ou de l'aciérie italienne Cogue et Ansaldo.
Sa silhouette se distingue par une forme plus allongée que celle du modèle 26 "con ala", avec un dôme sensiblement plus élevé, favorisant l'aération du crâne. La calotte est également plus effilée, ce qui permet un meilleur ajustement de la coiffe à la tête du porteur, améliorant ainsi le confort.
La coque est percée en son sommet pour permettre la fixation de la coiffe par un rivet sommital unique. Ce rivet constitue le seul élément visuel extérieur permettant d'identifier immédiatement un casque modèle 34 par rapport à un modèle 26 "con ala".
Le casque modèle 34 est initialement peint en kaki brun et présente un rivet sommital creux.
Enfin il ne présente aucune marque de production, ni indication de taille.

Les reconditionnements.

Vue avant.
Vue avant.
Vue de coté.
Vue de coté.
Vue arrière.
Vue arrière.
Vue de dessus.
Vue de dessus.
Vue avant.
Vue avant.
Vue de coté.
Vue de coté.
Vue arrière.
Vue arrière.
Vue de dessus.
Vue de dessus.
Support insigne.
Support insigne.

Au lendemain de la guerre civile, l'armée franquiste récupère une quantité et une diversité importantes de casques. Ces modèles sont utilisés jusqu'à la généralisation du casque modèle Z-42, et font l'objet d'un reconditionnement afin de s'harmoniser avec l'uniforme de la nouvelle armée espagnole. Le reconditionnement peut se limiter à la pose d'un support d'insigne frontal, fixé par deux points de soudure électrique et la bombe est repeinte en vert olive de manière matte. Cependant, la remise à neuf est souvent complète : les casques sont démontés, décapés, le support d'insigne est soudé sur la face avant, puis l'ensemble est repeint en vert olive mat. Dans certains cas, une peinture vert kaki satinée est utilisée. L'aménagement intérieur est remplacé par une coiffe et une jugulaire neuves.

Insignes.

Insigne Ejército de Tierra.
Insigne "Ejército de Tierra".
Revers.
Revers.
Insigne Ejército de Tierra.
 
Projet numéro 22 de Joaquín Martínez Friera.
Projet numéro 22 de Joaquín Martínez Friera.

Le casque modèle 34, comme l'ensemble des casques reconditionnés par l'armée espagnole à partir de 1943, présente un support frontal destiné à l'installation d'un insigne en laiton doré, propre à l'armée de terre ("Ejército de Tierra"). Cet insigne est créé en 1943 par le lieutenant-colonel de cavalerie Joaquín Martínez Friera, également avocat de renom.
L'idée de concevoir un emblème unique représentant l'ensemble de l'armée émane d'un concours public, approuvé par la Gazette Officielle du Ministère de l'Armée le 7 mai 1942, puis publié au Journal Officiel de l'Armée le 13 mai suivant.Parmi de nombreux participants, le lieutenant-colonel Martínez Friera présente seize propositions. Le concours est toutefois déclaré nul, le jury estimant qu'aucun projet ne présente une qualité suffisante. Néanmoins, plusieurs éléments issus des modèles numéros 7 et 8 proposés par Don Joaquín retiennent l'attention du jury, qui lui demande d'élaborer de nouveaux croquis sur cette base.
Neuf nouveaux modèles sont alors réalisés, parmi lesquels celui finalement retenu et officialisé par décret le 26 janvier 1943. L'emblème représente un aigle surmonté d'une couronne, avec en son centre une épée rouge pointée vers le bas.
L'insigne est fabriqué en laiton embouti en relief, avec l'épée centrale peinte en rouge. Au revers, une patte en laiton soudée à l'étain permet de fixer l'insigne dans le support frontal du casque.

La coiffe :

Rivet sommital creux.
Rivet sommital creux.
Armature métallique.
Armature métallique.
Patte de coiffe.
Patte de coiffe.
Détails couture du tampon en feutre.
Détails couture du tampon en feutre.
Revers patte de coiffe avec tampon en feutre.
Revers patte de coiffe avec tampon en feutre.
Coiffe, vue d'ensemble.
Coiffe, vue d'ensemble.

La coiffe du casque modèle 34 est montée sur une armature métallique fixée à la coque par un unique rivet sommital. Cette armature se compose d'un cerclage en acier, doublé d'une bande de cuir cousue à la base des pattes de coiffe. Les extrémités de cette bande sont assemblées entre elles, formant un cercle continu.
Deux arceaux métalliques, disposés en croix, sont fixés sur ce cerclage. Leur point de croisement est percé afin de permettre la fixation de l'ensemble dans la bombe par un rivet sommital creux à tête bombée en aluminium.
L'assemblage de la coiffe et de son armature est assuré par quatre rivets tubulaires, placés au centre de chaque patte, correspondant aux extrémités des deux arceaux. Les rivets latéraux maintiennent également les passants de jugulaire.
La coiffe est composée de quatre pattes en cuir, découpées en forme de "T". Chacune est percée à sa base pour permettre le passage d'un lacet de réglage, destiné à ajuster la profondeur du casque sur la tête du porteur. À leur base, ces pattes sont réunies par une bande de cuir cousue, dont les extrémités sont solidarisées entre elles, assurant la cohésion de l'ensemble.
Sur la face interne de chaque patte, un rectangle de feutre est cousu en son centre afin de limiter l'usure du cuir due au contact direct avec le cerclage métallique et les rivets d'assemblage. Ce feutre joue également un rôle d'amortisseur, en apportant une surépaisseur favorisant l'aération du crâne.
Enfin, la coiffe du casque modèle 34 ne présente aucune indication de taille, ni marquage de fabricant. Les différents composants de la coiffe étaient produits par différentes sociétés espagnoles réparties sur le territoire et l'assemblage finale était assuré par l'entreprise madrilène Curtidos El Valenciano dans ses ateliers de la rue Curtidores.

Les reconditionnements.

Rivet sommital plein.
Rivet sommital plein.
Rivet renforcé d'une rondelle en cuir.
Rivet renforcé d'une rondelle en cuir.
Armature métallique.
Armature métallique.
Rivet de fixation.
Rivet de fixation.
Détails assemblage par rivet.
Détails assemblage par rivet.
Détails assemblage par rivet.
 
Revers patte de coiffe avec tampon en feutre.
Revers patte de coiffe avec tampon en feutre.
Coiffe, vue d'ensemble.
Coiffe, vue d'ensemble.

Les casques modèle 34 reconditionnés présentent une coiffe réalisée en cuir fauve, généralement de moindre épaisseur que celui utilisé pour les coiffes d'origine. Ces coiffes se distinguent par plusieurs caractéristiques spécifiques :
– Les rivets d'assemblage, lorsqu'ils ont été remplacés, sont en laiton, en lieu et place des rivets en acier présents sur les coiffes d'origine.
– Le rivet sommital, également en laiton, est généralement doublé d'une épaisse rondelle en cuir. Ce rivet présente une tête plate, dépourvue d'orifice.

Cas particulier.

Rivet sommital creux.
Rivet sommital creux.
Armature métallique.
Armature métallique.
Détails assemblage par couture.
Détails assemblage par couture.
Patte de coiffe.
Patte de coiffe.
Remplacement du cerclage métallique par un bandeau de cuir.
Remplacement du cerclage métallique par un bandeau de cuir.
Coiffe, vue d'ensemble.
Coiffe, vue d'ensemble.

Certains exemplaires témoignent de reconditionnements atypiques, comme celui dont la bombe a été repeinte sans démontage préalable de la coiffe. Une nouvelle coiffe a alors été mise en place, montée sur un cerclage en cuir remplaçant le cerclage métallique de la version d'origine.

La jugulaire :

Jugulaire en cuir fauve, vue d'ensemble.
Jugulaire en cuir fauve, vue d'ensemble. Détails fermeture.
Détails fermeture.
Passant articulé, maintien par couture.
Passant articulé, maintien par couture.
Boucle à ardillon.
Boucle à ardillon.

La jugulaire du casque modèle 34 est composée de deux bandes de cuir épais, d'environ 10 millimètres de largeur.
La partie la plus longue, dont l'extrémité libre est taillée en pointe, mesure environ 50 centimètres. Elle comporte une série d'environ 11 trous permettant l'ajustement sur une boucle à ardillon fixée à l'extrémité de la partie la plus courte, laquelle mesure environ 8 centimètres.
La boucle à ardillon est dotée d'un rouleau métallique facilitant le serrage, et complétée par une boucle rectangulaire destinée à maintenir l'excédent de cuir.
La jugulaire est fixée au casque par l'intermédiaire de deux passants mobiles, constitués chacun d'une boucle rectangulaire insérée dans une patte en laiton repliée sur elle-même. Ce support en laiton est percé afin de pivoter autour du rivet mécanique qui maintient également le cerclage en cuir de la coiffe de chaque côté du casque. Le maintien de la jugulaire peut être assuré soit par couture, soit par un rivet tubulaire, contrairement aux casques modèle 21 et modèle 26, où seul le rivet est utilisé.

Les reconditionnements.

Jugulaire en cuir tanné en noir, envers/revers - vue d'ensemble.
Jugulaire en cuir tanné en noir, envers/revers - vue d'ensemble.
Passant articulé.
Passant articulé.
Passant articulé.
 

Les casques modèle 34 reconditionnés reçoivent une nouvelle jugulaire, généralement confectionnée en cuir tanné noir, plus rarement en cuir de couleur fauve. Ces jugulaires présentent souvent un liseré estampé courant sur toute leur longueur.
Contrairement aux casques modèle 21 et 26 reconditionnés, qui reçoivent un nouveau type de boucle à ardillon avec double passant destiné à retenir l'excédent de jugulaire, les jugulaires des casques modèle 34 conservent le même type de boucle que celles des coiffes d'origine

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