
Suisse
Modèles expérimentaux suisses précédant le Mle 71
Modèles expérimentaux suisses précédant le Mle 71
Très rapidement après la fin du second conflit mondial, la Suisse se rend compte que son casque modèle 40/43 ne correspond plus aux impératifs des combats modernes. Il est inconfortable, encombrant et tient mal sur la tête. Sa forme est inadaptée à tout usage autre que l'infanterie à pied et même dans ce cas, sa nuquière enveloppante est gênante pour les tirs en position couché et sa visière gêne lors de l'utilisation d'appareils optiques. Or avec la mécanisation progressive, de plus en plus de soldats sont amenés à utiliser des véhicules où l'espace est exiguë.
L'usage du casque modèle 48, réservé dans un premier temps principalement aux motards et aux équipages d'engins, est étendu aux grenadiers mécanisés. Mais ce casque, même s'il présente moins d'inconvénients quant à son utilisation, n'est pas non plus un casque moderne, et il n'offre pas une protection satisfaisante lor des combats à pied. Le casque modèle 48 n'entre donc pas dans les études pour le futur casque, il évoluera de son côté, uniquement pour son usage principal en tant que casque de motard (il sera remplacé aussi pour les équipages d'engins). Par contre, sa coiffe adoptée en 1957, ainsi que son système de jugulaire à quatre points, seront utilisés sur les différents prototypes du casque Mle 71, et ils influenceront ensuite très directement la coiffe/jugulaire retenue au final.
Les différentes recherches débutent dès la fin des années 1950, début des années 60. Très attachés à la forme du casque d'ordonnance modèle 18, comme la France a pu l'être à celle du casque Adrian modèle 15, les premières études s'attacheront à la modernisation du casque modèle 40/43. Ces études porteront principalement sur la coiffe, mais elles ne donneront pas satisfaction. Néanmoins dans l'attente d'un nouveau casque, il sera apporté quelques modifications mineures au casque qui sera alors dénommé modèle d'ordonnance 18/63 (ou modèle 63). Le système de fixation du cerclage de la coiffe, apparu déjà sur les derniers modèles 40/43 produits, est retenu. La forme des cuirs de la coiffe sont modifiés pour s'approcher de celle adoptée sur les modèles 48, et la forme de la coque est à nouveau légèrement modifiée (vous référez aux fiches correspondantes pour les détails).
Voici deux exemples de casques modèle 18 d'essai. Sur le premier, il s'agit de la simple adaptation d'une jugulaire de casque modèle 48. Deux pontets supplémentaires ont été ajouté (et celui à boucle remplacé). Ceci peut régler le problème de stabilité du casque, mais pas l'ensemble des reproches qui lui sont fait. Sur le second, l'ensemble de la coiffe a été remplacé. Il s'agit d'un cerclage en aluminium sur lequel sont fixés quatre éléments de coiffe identiques à ceux utilisés sur le modèle 48. La jugulaire y est fixée comme sur le modèle 48. Ce prototype porte le numéro "1". En Suisse, les prototypes sont numérotés en jaune à l'arrière du casque, sur la face interne. Un point jaune est peint à l'extérieur.
Vous retrouverez ces casques plus en détail dans la fiche du modèle 18/63.
![]() Casque modèle 43, simple adaptation de la jugulaire Mle 48. |
![]() Casque modèle 43, coiffe d'essai avec jugulaire Mle 48 (remarquer la présence de rivets). |
![]() Simple adaptation de la jugulaire Mle 48 par ajout de pontets. |
![]() Prototype numéro 1. |
Un second prototype basé sur le casque modèle 18 verra le jour, il porte le numéro "2". Il s'agit d'un casque modèle 40/43 redécoupé; en effet, l'ensemble des bordures a été raccourcis. Il porte la même coiffe que celle testée dans la coque du modèle 40/43 ci-dessus.






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Les prototypes portent une étiquette avec une description sommaire ; dans ce cas, numéro 2, casque Suisse d'ordonnance avec bords coupés, coussinets et jugulaire fourchée. Malheureusement aucune indication sur la période d'essai. Ces étiquettes ont été ajoutées lorsque les exemplaires ont été répertoriés et intégrés à la collection de la fondation du matériel historique. |
En parallèle sont étudiés différents casques étrangers, dont la forme à la mode à cette époque, le casque type M-1. Nous n'avons pu définir avec certitude la provenance de ces casques, mais dans la mesure où s'agissant d'essais en très petite quantité, nous ne devrons pas avoir affaire à des fabrications spéciales. Ces casques ne portant aucun marquage, en particulier les sous-casques, et en procédant par élimination, il semblerait bien que la provenance soit Belge (à confirmer).
Voici le prototype numéro 4, le casque a été repeint suivant le règlement de 1943 et la jugulaire a été remplacée par celle d'un modèle 18. Tous les autres éléments ont été conservés en l'état.








L'ordre de présentation des différents modèles n'est pas obligatoirement chronologique, plusieurs essais ayant été menés de front dans des directions différentes. Le casque type M-1 est donc en course tardivement, pour preuve, les deux modèles suivants qui sont déjà peints en vert, alors que les premiers casques de nouvelle forme, que nous verrons ci-après, sont encore peints en noir.
Ce second prototype de casque (de provenance identique au précédent), c'est vu adapté une jugulaire de modèle 48. Les pontets d'origine sont supprimés et quatre autres sont soudés. Le sous-casque ne subit aucune modification.









En photo; le servant d'un PAK 57 équipé d'un casque M1 d'essai. Le canon est modifié avec une visière et une lunette de visée infrarouge, .
Après quelques essais de casques de ce type, avec divers aménagements, il est décidé de fabriqué en Suisse un clone du casque M-1. Il semble évident que ce casque a été conçu par des nostalgiques du casque modèle 18, en effet, nous retrouvons dans le sous-casque les trois coussinets modèle 40 avec une jugulaire modèle 18, ainsi qu'une seconde jugulaire modèle 18 pour le casque lourd qui est équipé d'imposants pontets fixes. Ces pontets proéminent auraient certainement subit le même sort que sur le casque US M1 41 ou le Mle 51 Français.










Il est légitime de se poser la question de savoir si ce casque n'a pas été présenté dans le seul but de disqualifier définitivement ce type de casque !
Quoi qu'il en soit, le type de casque ne donnera absolument pas satisfaction et la Suisse décidera de se lancer dans l'étude d'un tout nouveau casque, en faisant table rase des formes existantes alors (en Suisse ou ailleurs).
Menées très scientifiquement, ces études aboutirons au meilleur compromis entre poids, protection et confort d'utilisation. Son apparence par contre, aux dires des Suisses eux mêmes, n'a pas dû être un critère fortement pondéré. Se sera néanmoins le casque le plus abouti pour son époque, avant l'apparition des casques en kevlar.
Pour caler un peu les études dans le temps, avant de vous présenter les différents modèles, il faut savoir que le premier prototype de nouvelle forme est daté de 1965, que le prototype en fibre date de 1970 (ce qui en aurait fait, s'il avait été retenu, le premier) et que la présérie produite en 1971, n'a ni la forme, ni la peinture, ni la coiffe définitive, seule la jugulaire sera conservée (mais dans une autre teinte).
Dans un premier temps, le travail a été effectué uniquement sur la forme de la coque, le reste demeurant annexe. La coiffe utilisée est celle du casque 48/62 ainsi que sa jugulaire. Ce n'est que plus tard que les recherches porteront sur la coiffe et la jugulaire. Les premiers prototypes seront peints en noir, le vert sera retenu comme teinte future avant la fin des essais.
Vous remarquerez sur la forme des coques, que la visière va progressivement se raccourcir pour pratiquement disparaître, l'arrière du casque va remonter et les côtés s'élargir. La bombe elle-même conservant sa forme de calotte ovalisée à bords plats.
Voici un premier exemplaire, que nous pourrons qualifier de "visière longue". La coiffe de modèle 48 est du type apparu en 1962. Seuls les 4 pontets sont différents, notamment les deux pontets arrières qui ne sont plus fixés directement sur la coque, mais comme les pontets avants, ils sont pris en même temps que les quatre rivets de fixation du cerclage de la coiffe. Remarquer aussi la présence du tampon circulaire au fond de la coque et l'absence de rivets d'évent.








Cet exemplaire, que nous qualifierons de "visière courte", est déjà très proche de la forme qui sera adoptée. La persistance des évents nous laisse supposer qu'il est toujours fabriqué à partir de la forme générale du modèle 18. Ils disparaîtront sur les prototypes suivants, pour ne réapparaitre que sur les derniers modèles.






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![]() Etiquette précisant que ce casque est en tôle d'acier et qu'il a été utilisé par la troupe pour tester sa forme. Il faut certainement y voir l'explication de la présence des trois trous sur le côté, qui ont pour but d'éviter la confusion avec un vrai casque de combat, celui-ci n'offrant aucune protection. (À l'instar des casques anglais Mark II réservés aux organisations auxiliaires durant la seconde guerre mondiale). |
Les essais vont être poursuivis sur ces deux formes générales de coque (et sans doute à cette époque encore sur la forme M1). Maintenant les casques sont déjà peints en vert, ils perdent les évents mais conservent toujours la coiffe et la jugulaire du modèle 48. |
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Voici à nouveau le modèle à "visière longue", il est identique au précédent noir, si ce n'est les différences mineures citées ci-dessus. La coque est identique.










Les commentaires sont identiques pour ce modèle à "visière courte".










Une fois la forme à peu près définie, les recherches se concentrent sur la coiffe, la jugulaire et la matière du casque.
Voici par exemple un prototype (visière courte) équipé d'une coiffe de casque de la Bundeswehr type 1A1 62, elle est fixée sur une vis à tête plate qui traverse la coque. La jugulaire est toujours à 4 points d'attache mais croisée à l'arrière comme sur les casques M1A1 Luft. Le système de fermeture est quant à lui du type M1A1 mais déjà avec une double boucle qui n'apparaitra que sur le 1A1 85. Noter la réapparition des évents, et toujours la présence des trois trous dans la coque, ceci indiquant que le casque a été testé en corps de troupe.









Le prototype suivant est un essai de matière composite fibre/résine. La coiffe est constituée d'éléments de modèle 48 pour les parties en cuir, fixée sur un cerclage simplifié. La jugulaire est toujours du type 48. La matière ne sera pas retenue à cause de sa résistance trop faible aux impacts.











Enfin, en 1971 (d'où le nom du modèle) est décidé la fabrication d'une présérie de 25 000 casques. Il ne s'agit pas du casque définitif qui ne sera produit qu'à partir de 1974. Ce casque sera testé à petite échelle et subira encore plusieurs modifications (coiffe, jugulaire, peinture et dans une moindre mesure la forme). Le reliquat de cette série ne sera distribué qu'en février 1975, à l'école des reçues des troupes blindées, alors que les casques produits en 1974 sont déjà différents. |
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