Brésil

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Casque Pauliste type Adrian

Fiche

  • Dénomination : Pauliste type Adrian (désignation non officielle).
  • Destiné aux troupes constitutionalistes, puis à l'armée brésilienne.
  • Coiffe en cuir, montée sur quatre double agrafes.
  • Jugulaire en cuir réglage par boucle coulissante.
  • Fabriqué à partir de 1932.
  • Distribué à partir de 1932.
  • Pays d'origine : Brésil.
  • Période d'utilisation : de 1932 aux années 1940.
  • Matériau : acier.
  • Poids : 984 g (modèle à protubérance), 975 g (modèle avec cimier).
  • Taille : unique ?
  • Couleur : vert olive clair satiné.
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Modèle avec protubérance
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Modèle avec cimier.

Historique

L'armée brésilienne a été formée selon les théories et méthodes européennes d'avant 1914, principalement enseignées par l'Allemagne et la France. L'influence allemande était très marquée jusqu'au déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le Brésil choisit de rester neutre jusqu'en 1917, année où il décida de se ranger aux côtés des Alliés. Le 27 octobre 1917, le pays déclara la guerre à l'Allemagne après avoir rompu ses relations diplomatiques dès avril. Cependant, son intervention dans le conflit fut très limitée.
En 1919, une mission militaire française fut sollicitée par le gouvernement brésilien. Composée de 25 personnes et dirigée par le général Gamelin, elle débuta en 1921 avec pour objectif de réorganiser l'armée brésilienne. Des tensions surgirent entre les officiers formés selon les traditions françaises et ceux ayant été influencés par l'école allemande avant la guerre.
Bien que les uniformes se soient inspirés de la tenue kaki américaine, l'influence française domina à partir des années 1930, particulièrement sous la présidence de Getúlio Vargas (1930-1945). Par exemple, le premier casque brésilien, produit en 1931, s'inspirait du modèle français Adrian. Ce casque vert olive, doté d'un cimier, était fabriqué en fibre et n'offrait aucune protection balistique.
À cette époque, bien que Rio de Janeiro fût la capitale, le véritable pouvoir était concentré entre les mains d'un groupe influent de politiciens, d'hommes d'affaires et de grands propriétaires terriens de São Paulo, surnommés les "Paulistes". En 1929, les élites paulistes rompirent leur alliance avec celles du Minas Gerais, mettant fin à la politique dite "café com leite", en vigueur depuis 1889. Elles présentèrent leur propre candidat à la présidence, Júlio Prestes, face à Getúlio Vargas, soutenu par le Minas Gerais, le Rio Grande do Sul et la Paraíba.
Le 1er mars 1930, l'élection présidentielle opposa Prestes, candidat conservateur, à Vargas, chef de l'Alliance libérale. Après plusieurs mois de dépouillement, Júlio Prestes fut déclaré vainqueur. Toutefois, l'Alliance libérale contesta les résultats, dénonçant des fraudes massives, et une conspiration fut organisée pour empêcher Prestes d'assumer la présidence en novembre. Cette tentative fut affaiblie par la mort accidentelle du lieutenant Siqueira Campos, un important médiateur politique, mais la révolution éclata le 3 octobre 1930.
Sous la direction de Vargas, les insurgés prirent rapidement le contrôle d'une partie du pays. Le 24 octobre, un coup d'État militaire destitua le président en exercice, Washington Luís, et ouvrit la voie à l'arrivée de Vargas au pouvoir. Le 3 novembre 1930, Vargas forma un gouvernement provisoire, marquant la fin de la "Vieille République" (1889-1930). Prestes fut contraint à l'exil.
En 1932, São Paulo se souleva contre le coup d'État de 1930 et le gouvernement provisoire de Vargas, exigeant l'élaboration d'une nouvelle constitution. Ce mouvement, connu sous le nom de Révolution constitutionnaliste, débuta le 9 juillet 1932 après la mort de quatre étudiants protestataires, événement qui donna naissance au mouvement MMDC, acronyme formé des initiales des victimes. Le soulèvement mobilisa l'état de São Paulo, qui produisit même des casques en acier pour ses combattants, inspirés des modèles français Adrian et britanniques Mark I.
Cette production eu lieu suite à la donation d'un collectionneur privé (précurseur de notre passion !) d'un modèle français et britannique, qui furent examinés et approuvés pour une production immédiate à plusieurs milliers d'unités. Le casque Adrian français fut modifié dans la forme de la bombe, dont deux versions distinctes furent fabriquées. Le casque anglais fut produit tel que, hormis la coiffe fabriquée presque intégralement en cuir.
Une association commerciale ("Associação Comercial") fut chargée de rassembler des fonds pour une production de masse dès la fin du mois de juillet 1932.

Casque brésilien en fibre de type Adrian.
Casque brésilien en fibre de type Adrian.
Affiche de propagande constitutionaliste.
Affiche de propagande constitutionaliste.

Ainsi la fabrication des premiers casques en acier brésilien fut confiée à plusieurs compagnies, parmi lesquelles on compte les sociétés : "Cia de Louças e Esmaltados", "Indústrias Reunidas Martins Ferreira", et "Bernardini Indústria e Comércio".
Les bombes furent fabriquées par ces sociétés et ensuite livrées à l'association commerciale pour mise en peinture et assemblage des éléments internes.
Ces casques devinrent l'icône de la révolution, et chaque casque portait l'inscription "Offerta do Povo Paulista aos Soldados da Constituição" ou "O Povo Paulista aos Soldados da Constituição" en signe de reconnaissance de la population Pauliste à ses combattants.
On estime qu'environ 70 000 casques des trois modèles furent produits, dont la majorité fut distribuées aux troupes Paulistes. Toutefois, la révolution se terminant trois mois plus tard avec les défaites des constitutionalistes, les stocks restants furent capturés par le gouvernement fédéral, ainsi que les lignes de production.
C'est ainsi que ces casques furent utilisés ensuite par l'armée brésilienne, et la production de ces casques continua jusqu'en 1934 dans les usines "Fábrica de Projeteis de Artilharia" à Andaraí, Rio de Janeiro puis au "Distrito Federal" (district fédéral).
Malgré une organisation déterminée, le soulèvement fut militairement écrasé le 2 octobre 1932, après 87 jours de combats. Officiellement, 934 morts furent recensés, bien que certaines estimations évoquent jusqu'à 2 200 victimes. Cependant, certaines revendications furent acceptées, notamment la convocation d'une assemblée constituante et l'adoption d'une nouvelle constitution en 1934.
Cette constitution fut toutefois rapidement remplacée en 1937, lorsque Vargas établit un régime autoritaire, l'Estado Novo. Aujourd'hui, le 9 juillet, jour du début de la Révolution de 1932, est férié à São Paulo. Les Paulistes considèrent ce soulèvement comme un symbole majeur de leur histoire civique et comme la dernière grande révolte armée de l'histoire brésilienne.

Casque Paulista type Adrian Casque Paulista type Adrian Casque Paulista type Adrian Casque Paulista type Adrian
Casque Paulista type Adrian Casque Paulista type Adrian Casque Paulista type Adrian

Constitution

La coque :

Modèle à protubérance.

Vue avant.
Vue avant.
Vue de coté.
Vue de coté.
Vue arrière.
Vue arrière.
Vue de dessus.
Vue de dessus.
Protubérance d'aération.
Protubérance d'aération.
Vue intérieure.
Vue intérieure.
Bordure retournée à l'intérieur.
Bordure retournée à l'intérieur.

La bombe du casque pauliste de type Adrian est réalisée d'un seul tenant par emboutissage progressif à froid d'une feuille d'acier. Deux variantes de ce modèle ont été produites, dont la forme est inspirée du casque Adrian modèle 15 de conception française. Composée d'une calotte hémisphérique, cette bombe est fabriquée en une seule pièce intégrant une visière et un garde-nuque solidaire, sans bourrelet, contrairement au casque Adrian modèle 15.
La première version du modèle de type Adrian est dépourvue de cimier et présente une protubérance circulaire formée lors de l'emboutissage de la coque. Cette protubérance, percée de quatre ouvertures par repoussage du métal vers l'intérieur de la bombe, joue le rôle d'aérateur. On observe des variantes de fabrication sur cette version, la protubérance pouvant être plus ou moins prononcée selon les cas observés.
Après mise en forme de la bombe, le bord brut est retourné mécaniquement vers l'intérieur pour adoucir le tranchant de l'acier. Quatre agrafes-crampons en tôle sont soudées aux quatre points cardinaux de la bombe pour fixer le système de coiffe et d'aération. Ces agrafes doubles sont espacées d'environ 1 cm. De chaque côté du casque, des passants pour la jugulaire sont également soudés.
Une fois les bombes livrées à l'association commerciale commanditaire, elles sont peintes en vert olive avec une finition satinée. Plus tard, les casques sont repeints en vert kaki foncé avec une texture légèrement granulée pour obtenir une peinture mate.

Modèle à cimier.

Vue avant.
Vue avant.
Vue de coté.
Vue de coté.
Vue arrière.
Vue arrière.
Vue de dessus.
Vue de dessus.
Cimier.
Cimier.
Orifice oblong d'aération.
Orifice oblong d'aération.
Jointure jonc latérale.
Jointure jonc latérale.
Autre exemplaire, vue de biais.
Autre exemplaire, vue de biais.

La seconde version, plus proche du casque Adrian français, est dotée d'un cimier très court fixé au sommet du casque. Découpé dans une feuille d'acier et formé par emboutissage, ce cimier, galbé pour s'adapter précisément à la forme de la bombe, est renforcé par une nervure de raidissement. Deux encoches latérales créent un espace entre la bombe et le cimier, au niveau de l'aérateur, pour permettre une meilleure circulation de l'air.
Le cimier, remplaçant la protubérance d'aération, couvre un trou oblong pratiqué au fond de la bombe. Il est maintenu par quelques points de soudure électrique appliqués à ses extrémités. Cette version du casque Adrian pauliste est également équipée d'un jonc en acier rapporté, dont la jointure est assurée sur le côté.

La coiffe :

Modèle à protubérance.

Intérieur de la bombe, quatre plaquettes ondulées et quatre double agrafes.
Intérieur de la bombe, quatre plaquettes ondulées et quatre double agrafes.
Détail double agrafe à fixer sur le bandeau en drap.
Détail double agrafe à fixer sur le bandeau en drap.
Plaquette ondulée maintenue sur une double agrafe.
Plaquette ondulée maintenue sur une double agrafe.

Détail maintien de la coiffe.
Détail maintien de la coiffe.
Jointure bandeau de cuir de la coiffe.
Jointure bandeau de cuir de la coiffe.
Marquage du don de la population aux soldats.
Marquage du don de la population aux soldats.
Marquage : Paulista.
Marquage : Paulista.

La coiffe des deux modèles de type Adrian est en tout point identique à celle du modèle 15 français de second type. Cette coiffe est fabriquée en cuir, dont la couleur peut varier d'un exemplaire à l'autre : on observe des coiffes en cuir blanc, fauve ou encore brun rougeâtre. Elle est constituée d'un large bandeau de cuir sur lequel sont cousues six dents découpées séparément. L'extrémité de chacune d'elles est trouée, et l'orifice est renforcé d'un œillet métallique permettant le passage du lacet de réglage en profondeur de la coiffe. Ces six dents sont maintenues par deux lignes de couture parallèles courant sur toute la longueur du bandeau de cuir.
Sur l'autre longueur du bandeau, un turban en toile épaisse est cousu. C'est la pièce maîtresse de la coiffe, puisqu'il soutient le bandeau de cuir et sert de point de fixation pour les agrafes crampons. Le turban est percé de huit trous qui reçoivent les agrafes crampons de la bombe.
L'ensemble est fermé par une couture parallèle située à l'arrière de la coiffe, refermant ainsi le bandeau en cuir et le turban de toile. Ce dernier est également assemblé par une ligne de couture parcourant toute la périphérie de la coiffe.
Avant le montage de la coiffe, quatre plaquettes ondulées en aluminium, jointives entre elles, sont fixées aux agrafes crampons en même temps que la coiffe. Ces plaquettes ondulées ont une double fonction : caler la coiffe et assurer une aération entre celle-ci et les parois de la bombe. Contrairement au casque Adrian modèle 15, ces plaquettes ne sont ni fabriquées en différentes tailles ni en épaisseurs variées pour permettre l'ovalisation de la coiffe : ce procédé a sans doute été négligé par les concepteurs de ces casques.
Les coiffes équipant les casques à protubérance portent des marquages en lettres argentées avec la mention Paulista, en référence aux habitants de l'État de São Paulo, ainsi que l'inscription : "Oferta do Povo Paulista aos Soldados da Constituição" (signifiant : Offert par le peuple de São Paulo aux soldats de la constitution).
On observe également l'inscription en lettres estampées et argentées "O Povo Paulista aos Soldados da Constituição" (signifiant : Le peuple de São Paulo aux soldats de la constitution).
Ces mentions sont évidemment absentes des casques fabriqués durant les années 1933-1934.

Coiffe, vue d'ensemble.
Coiffe, vue d'ensemble.

Modèle à cimier.

Plaquettes ondulées d'aération.
Plaquettes ondulées d'aération.
Agrafe double retenant le bandeau en drap de la coiffe.
Agrafe double retenant le bandeau en drap de la coiffe.
Détails assemblage de la coiffe.
Détails assemblage de la coiffe.
Détails assemblage de la coiffe.
 
Coiffe, vue d'ensemble.
Coiffe, vue d'ensemble.

La coiffe des casques avec cimier diffère peu de celle du modèle précédemment décrit. La seule différence notable réside dans le type d'agrafe double soudée à la bombe : elle est moins longue et présente des extrémités arrondies.

La jugulaire :

Modèle à protubérance.

Passant de jugulaire.
Passant de jugulaire.
Boucle coulissante de réglage.
Boucle coulissante de réglage.

La jugulaire est constituée d'une fine sangle de cuir, de couleur blanche ou brun rougeâtre à l'instar du cuir employé dans la confection de la coiffe. Elle présente une longueur d'environ 60 centimètres pour 10 millimètres de largeur. Une de ses extrémités retient une boucle arrondie à l'aide d'un rivet en faux œillet.
L'autre extrémité coulisse librement dans l'un des dés du casque, puis dans la boucle de réglage, et enfin se fixe sur le second passant de jugulaire grâce à un second rivet. Elle n'est pas démontable, et sa faible épaisseur la rend fragile.
Les passants de jugulaire sont constitués d'une boucle métallique fabriquée à partir d'une tige pliée en forme rectangulaire aux côtés arrondis. La base de cette boucle est insérée dans une plaque métallique pliée sur elle-même, formant ainsi une enchapure. Cette base est ensuite soudée électriquement de chaque côté du casque.

Modèle à cimier.

Passant de jugulaire.
Passant de jugulaire.
Boucle coulissante de réglage.
Boucle coulissante de réglage.
Boucle coulissante de réglage.
 
Boucle coulissante de réglage.
 

La jugulaire du casque avec cimier est très proche de celle observée sur le modèle avec protubérance. Elle est confectionnée en cuir de couleur noire, et la boucle coulissante permettant le réglage est de forme rectangulaire.

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