Russie

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Casque Défense de Leningrad

Fiche

  • Dénomination : inconnu (casque de la défense de Leningrad).
  • Destiné aux membres du "МПВО", milices civiles et forces armées de la ville de Leningrad assiégée.
  • Coiffe constituée d'une jupe en toile maintenue par deux rivets mécaniques.
  • Jugulaire en toile, dont la fermeture est assurée par une boucle coulissante.
  • Fabriqué à partir de 1941/42.
  • Distribué à partir de 1941/42.
  • Pays d'origine : Russie (URSS).
  • Période d'utilisation : de 1941/42 à 1944.
  • Matériau : acier de composition variable.
  • Poids : 1380 g (variable en fonction de l'épaisseur de la bombe).
  • Taille : unique.
  • Couleur : vert olive.
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Historique

La défense anti-aérienne locale est une organisation paramilitaire mise en place par les autorités soviétiques afin de protéger la population et les infrastructures du pays d'une attaque aérienne ennemie. Son origine remonte au lendemain de la première guerre mondiale où de telles mesures ont été mises en place dans certaines régions du pays, notamment en 1918 à Petrograd (Saint-Pétersbourg) pour protéger la population des bombardements aériens.
Jusqu'en 1932, les mesures de défense aérienne étaient divisées en défense active sous l'égide du commissariat du peuple aux affaires militaires et navales et défense passive gérée par des organisations civiles.
Le 4 octobre 1932 est créé l'organisation "Местная противовоздушная оборона" ("МПВО") chargée de la protection des populations contre les attaques aérienne et chimique. Cet organisme est destiné à mener des opérations de sauvetage dans des zones de destruction, ainsi que d'organiser des forces de défense anti-aérienne au sein de districts, entreprises, institutions et zones d'habitation.
Le "МПВО" avait la charge des tâches suivantes : construction d'abris, renforcement des sous-sols pour remplir le rôle d'abri, construction de postes de commandement et d'observation, mise en place de réserve d'équipements de protection individuelle, développement des réseaux de communications et d'alerte, approvisionnement des villes en pénurie, maintien de l'activité dans les entreprises, sauvetage et nettoyage de zones sinistrés, mise en place d'installation anti-aérienne... etc.
En 1940, le "МПВО" est mis sous la tutelle du NKVD. Au début de l'année 1941, plus de 25 000 formations d'autodéfense du "МПВО" (plus de 8 millions de personnes ont reçu une formation en défense aérienne et en protection chimique) ont été créés en URSS. L'organisme dispose alors de plus de 30 millions de masques à gaz et de nombreux abris ont été construits dans les villes et les entreprises du pays.
Avec l'invasion allemande, le Conseil des commissaires du peuple de l'URSS approuve, par décret du 2 juillet 1941, une formation générale et obligatoire à la défense aérienne et chimique pour les citoyens âgés de 16 à 60 ans. La construction massive d'abris débute dans lesquels peuvent être hébergées plus de 20 millions de personnes.

L'opération allemande "Barbarossa", déclenchée le 22 juin 1941, a trois principaux objectifs : au Sud le Caucase avec la ville de Stalingrad (aujourd'hui connu sous le nom de Volgograd), au centre la ville de Moscou et au Nord la ville de Leningrad (aujourd'hui appelée de son ancien nom : Saint-Pétersbourg).
L'armée soviétique, pas encore remise des purges staliniennes, est désorganisée et cède beaucoup de terrain devant la "Blitzkrieg" de l'envahisseur.
La ville de Leningrad est rapidement à portée des troupes allemandes au Sud de la ville et des troupes finlandaises, alliées à l'Allemagne, au Nord. L'impressionnante avancée des troupes allemandes engendre l'exode de plus de 300 000 civils de Pskov et de Novgorod, qui fuient en direction de Leningrad.
Le 14 juillet, les troupes allemandes atteignent le fleuve Louga et menacent Leningrad. Le lendemain, le maréchal Vorochilov, nommé depuis le 11 juillet commandant en chef du Front du Nord-Ouest, déclenche une contre-offensive devant Leningrad, entre le lac Ilmen et Soltsy pour gagner du temps et permettre la fortification de Leningrad pour laquelle la totalité de la population est mobilisée.
Le 16 juillet, les troupes finlandaises occupent Sortavala, à l'extrême nord du lac Ladoga encerclant les troupes soviétiques dont une partie s'échappe par la mer.
A la mi-août 1941, les pays baltes sont désormais entièrement sous le joug nazi à l'exception de la ville de Tallin que les Allemands ont isolé du reste des troupes soviétiques. Toutefois cette poche de résistance doit être réduite pour permettre aux troupes allemandes de marcher sur Leningrad.
La capitale estonienne résiste jusqu'au 29 août, l'évacuation soviétique de Tallinn réussie à évacuer 165 navires, 28 000 passagers et 66 000 tonnes de matériel, qui atteignent la ville de Kronstadt située dans la baie de la Neva à 20 kilomètres de Leningrad. L'ensemble de cette armada et de ce matériel sera utilisé durant le siège de la ville.

Front de Leningrad de mai 1942 à janvier 1943.
Front de Leningrad de mai 1942 à janvier 1943.
Soldats russes sur le front de Leningrad et équipés de casques Ssh 39.
Soldats russes sur le front de Leningrad et équipés de casques Ssh 39.

A la fin du mois d'août, la ville de Leningrad est totalement encerclée. Au Sud par les troupes allemandes bloquées devant les premières fortifications dressées en toute hâte par la population civile. Au Nord par les troupes finlandaises qui atteignent la ligne fortifiée de Carélie qu'ils ne pourront jamais prendre et sur laquelle le front se stabilise jusqu'à l'été 1944.
Le 9 septembre, les troupes allemandes lancent une attaque plus à l'Ouest en direction de Leningrad même afin de s'approcher le plus près possible de la ville. La prise de la ville, dont la défense est organisée par Joukov, se révèle vite impossible. Les Allemands renoncent à un assaut direct et décident de l'investir progressivement. Le 11 septembre, les Allemands sont à portée de vue de Leningrad. Le lendemain, un premier faubourg de Leningrad est atteint, toutefois les Allemands ne poussent pas en direction de la ville mais en direction de la mer Baltique afin d'isoler les défenseurs d'Oranienbaum. Cette poche ne sera jamais réduite, les russes la ravitailleront par mer jusqu'à la fin du siège de Leningrad.
Le 17 septembre, Pouchkine et le palais des tsars sont pris. Ce même jour, des troupes quittent le "Heeresgruppe Nord" et partent vers Moscou où la bataille décisive doit se jouer.
Le front se stabilise et le siège de Leningrad commence. La ville est isolée dans une bande de terre comprise entre les troupes germano-finlandaise, le golfe de Finlande à l'Est et le lac Ladoga au Nord-Est qui constituera le seul accès d'approvisionnement de la ville.
La ville, encerclée depuis septembre 1941, est unie contre l'envahisseur. Des milices ont été créées, elles forment les divisions d'infanterie de la milice de Leningrad, et les habitants ont largement aidé à construire les défenses de la ville.
La chute de Leningrad et de la poche d'Oranienbaum permettrait aux Allemands de mettre hors de combat une quarantaine de division, ainsi que la disparition d'un centre industriel encore très important, bien qu'une partie des industries ait été déménagée devant l'avancée allemande. Ces industries convertissent leur activité pour l'effort de guerre des troupes de l'armée rouge en poste dans Leningrad assiégé.
Toutefois lorsque les Allemands terminent le blocus de Leningrad, les autorités russes se rendent compte qu'elles ont commis une grave erreur : personne n'a pensé à évacuer la population civile avant l'arrivée de l'ennemi. Il y a donc de très nombreuses "bouches inutiles" sur les 3 000 000 d'habitants qui se trouvent dans la ville.
Le 12 septembre, un décompte des vivres est fait :
- Blé et farine : stock pour 35 jours.
- Céréales et pâtes : stock pour 30 jours.
- Viande ainsi que bétail sur pied : stock pour 33 jours.
- Matières grasses : stock pour 45 jours.
- Sucres et conserves : stock pour 300 jours.
Un rationnement est mis en place immédiatement et des cartes d'alimentation sont distribuées.
Les habitants sont confrontés à une multitude de problèmes. La nourriture est rationnée, l'électricité coupée, les tramways cessent de fonctionner en novembre 1941, il n'y a plus de chauffage et plus de lumière.

Le lac Ladoga sert de voie de ravitaillement, mais le 15 novembre, avec l'arrivée de l'hiver et de l'embâcle, les navires ne peuvent plus passer, ni les camions, la glace n'étant pas assez solide pour supporter leur poids. A partir du 20 novembre 1941, le ravitaillement parviendra désormais aux Russes par convoi de traîneaux tirés par des chevaux jusque mi-avril à travers le lac gelé.
Mi-novembre 1941, le froid et la faim font de terribles ravages au sein de la population. Les rations alimentaires sont une fois de plus réduites, pour la cinquième fois depuis le début du siège. Les ouvriers et le personnel spécialisé ne perçoivent plus que 225 grammes de pain et 1067 calories par jour. Les enfants 150 g de pain et 644 calories. Le 20 novembre, 11 000 civils sont déjà morts de faim. En décembre 1941, 52 000 civils meurent de faim. En janvier 1942, 3 500 à 4 000 civils meurent de faim quotidiennement. Le commandement russe, prend alors la décision d'évacuer une grande partie de la population civile, tout d'abord par camions à travers le lac Ladoga gelé, puis par bateaux. 951 000 personnes seront ainsi évacuées durant l'année 1942.
D'après les chiffres officiels russes fournis au tribunal de Nuremberg, la famine causa la mort de 632 000 habitants de Leningrad. Les soldats sont nourris correctement le plus longtemps possible, mais durant les dernières semaines de l'année 1941, les rations sont à peine suffisantes.
Pendant l'hiver de 1942-43, la voie d'approvisionnement à travers le lac Ladoga, surnommé la "route de la vie", recommença à fonctionner, d'abord avec un trafic de chevaux. Les véhicules à moteur purent être utilisés à partir du 24 décembre 1942. Une voie ferrée fut par ailleurs construite sur la glace en décembre 1942.
Le 18 juin 1942, un oléoduc ("Artère de la vie") posé sur le fond du lac Ladoga fut mis en service. Il était long de 29 km, dont 21 km sous l'eau à une profondeur de 12,5 m. En août, un câble électrique passant par le lac commença à approvisionner la ville depuis la centrale électrique de Volkhov.
L'Opération Iskra, une offensive soviétique de grande ampleur des troupes des fronts de Leningrad et de Volkhov, débuta dans la matinée du 12 janvier 1943. Après de très violents combats, les unités de l'Armée rouge s'emparèrent des zones puissamment fortifiées de l'armée allemande au sud du lac Ladoga. Le 18 janvier 1943, les deux fronts se rejoignirent et ouvrirent un couloir terrestre vers la ville assiégée. Presque immédiatement, les camions et les trains commencèrent à approvisionner Leningrad.
La ville de Leningrad resta soumise à un siège partiel, ainsi qu'à des bombardements aériens et à des tirs d'artillerie, jusqu'à ce qu'une offensive soviétique enfonce les lignes allemandes et lève le siège le 27 janvier 1944.


Tout au long du siège, les importantes industries de Leningrad et ses environs ne cessèrent de tourner malgré l'important manque d'approvisionnement en matière première. Très rapidement, les industries russes firent usage d'ersatz afin de pallier ce manque et continuer à produire les effets nécessaires à la survie de la population assiégée et à la résistance de l'armée en poste autour et dans la ville.
C'est ainsi que furent créés des ersatz de nourriture afin de combattre la famine qui faisait rage au sein de la population, comme la création de saucisses à base de sciure, cuir et viscères d'animaux... etc.
Les importantes usines d'armement continuèrent la production, usant de matériaux de récupération afin de réapprovisionner l'armée. C'est ainsi que armes, munitions et casques furent fabriqués avec des matériaux de piètre qualité.
L'approvisionnement extérieur étant impossible au début du blocus et afin de protéger les personnels du "МПВО", des diverses milices civiles et certaines forces armées, une équipe d'ingénieurs dirigée par M.I Koryukov conçu un casque de fabrication simple sur la base du casque en acier anglais Mark I (dont une certaine quantité fut employée par l'armée rouge au cours des années 1920).
Il fut fabriqué et employé durant le siège de Leningrad. Ce casque, dont nous ignorons totalement la désignation que les autorités soviétiques ont pu lui donner, sera nommé comme casque de la "défense de Leningrad". Il ne s'agit pas d'un casque de combat à part entière, mais une protection créée pour répondre à un besoin urgent dans une situation de crise, avec les moyens du bord. Toutefois ces casques présentent une qualité de fabrication élevée compte tenu des circonstances de production.
D'autres modèles de casques furent aussi produits sur la base des casques Ssh 36 et 39 comme l'atteste certains exemplaires découverts dans Saint-Pétersbourg.

Casque de la défense de Leningrad.Casque de la défense de Leningrad.Casque de la défense de Leningrad.
Casque de la défense de Leningrad.Casque de la défense de Leningrad.
Casque de la défense de Leningrad.Casque de la défense de Leningrad.Casque de la défense de Leningrad.

Constitution

La coque :

Vue avant/arrière.
Vue avant/arrière.
Vue de côté.
Vue de côté.
Vue de biais.
Vue de biais.
Vue de dessus.
Vue de dessus.
Défaut d'emboutissage - intérieur.
Défaut d'emboutissage - intérieur.
Défaut d'emboutissage - extérieur.
Défaut d'emboutissage - extérieur.

La bombe du casque de la défense de Leningrad a une forme similaire au casque de type "Brodie" adopté par le Royaume-Uni et les États-Unis durant la première guerre mondiale, cependant le casque soviétique est beaucoup plus plat que les casques Mark I anglais et Model 1917 américain.
La bombe est beaucoup moins haute, les parois sont très obliques et la visière faisant le tour du casque est parfaitement plate.
Ce casque est fabriqué en taille unique dont la bombe est formée par emboutissage d'une plaque en acier de composition et d'épaisseur variable. On peut d'ailleurs observer des défauts d'emboutissage.
D'un poids d'environ 1380 grammes, ce casque est relativement lourd pour sa forme très basique.
La bordure du casque est découpée après mise en forme puis meulée afin de réduire le tranchant de l'acier.
Les passants de jugulaire sont soudés électriquement de chaque côté du casque le long des parois internes. La bombe est percée à l'avant et à l'arrière pour l'installation ultérieure de la coiffe.

La bombe est ensuite peinte de couleur vert olive assez clair, légèrement brillante, à l'instar des équipements métalliques de l'armée soviétique (comme les caisses de munitions... etc.). Des insignes peints peuvent être appliqués à l'avant du casque, fonction de l'organisation au sein de laquelle est destiné le casque (généralement l'insigne propre au "МПВО").

La coiffe :

Tête de rivet.
Tête de rivet.
Point de fixation avant ou arrière de la coiffe.
Point de fixation avant ou arrière de la coiffe.
Détail assemblage cerclage et jupe en toile.
Détail assemblage cerclage et jupe en toile.
Jupe en toile, réglable à l'aide d'un lacet.
Jupe en toile, réglable à l'aide d'un lacet.
Coiffe.
Coiffe.

La coiffe est constituée d'un bonnet maintenu en deux points à l'instar des casques Mark I britannique et US Model 1917 employés durant la première guerre mondiale. La construction de la coiffe est proche de celle employée dans le casque Ssh 36 de l'armée rouge.
La coiffe est fabriquée à partir d'une bande de toile de couleur beige vert dont la teinte peut sensiblement variée d'un exemplaire à l'autre. Les largeurs sont jointives pour former une jupe et un ourlet est pratiquée sur une de ses longueurs pour le passage du lacet de réglage en profondeur de la coiffe.
La bordure de la longueur opposée est repliée sur elle-même puis solidarisée par couture pour éviter l'effilochement. Cette longueur est pliée de sorte à former un ourlet d'environ 6 centimètres de large, dont la pliure est solidarisée par un trait de couture pratiqué sur toute la périphérie. Cette couture retient à l'intérieur de l'ourlet un fourreau en toile rembourré formant un boudin qui rigidifie quelque peu la périphérie de la coiffe.
La coiffe est maintenue dans la bombe au niveau des trous pratiqués à l'avant et à l'arrière du casque à l'aide de deux petits rivets mécaniques traversant la coiffe au niveau du bandeau rembourré, sans traverser l'ourlet de toile. Le maintien est assuré par une large rondelle plaquant la coiffe contre la paroi du casque.


Bien que ces casques soient produits durant le siège de Leningrad avec les moyens du bord, ces productions n'échappent pas à un contrôle de la fabrication comme l'atteste la présence du tampon OTK (pour "Отдел Технического Контроля", soit "Otdyel Tekhnicheskovo Kontrolya" en alphabet latin) dans un cachet de forme carrée contenant un numéro. Cette marque est appliquée par le département de contrôle technique en charge d'inspecter la bonne fabrication, et dont l'application est commune à l'ensemble des effets de l'armée soviétique.

Marquage de contrôle.
Marquage de contrôle.

La jugulaire :

Passant de jugulaire soudé par deux points de soudure électrique.
Passant de jugulaire soudé par deux points de soudure électrique.
Anneau rectangulaire de maintien.
Anneau rectangulaire de maintien.
Détail passage jugulaire dans la boucle coulissante.
Détail passage jugulaire dans la boucle coulissante.
Boucle de réglage coulissante.
Boucle de réglage coulissante.

La jugulaire est montée sur deux anneaux rectangulaires, de dimension 24 x 10 millimètres, identiques à ceux équipant les casques de l'armée soviétique depuis le modèle Ssh 36. La base de cette boucle est prise dans une longue bande métallique de dimension 16 x 120 mm. Pliée en deux, elle enchape la base de la boucle et fait office de charnière.
Les passants de jugulaire sont fixés aux parois internes de la bombe par deux points de soudure électrique appliqués sur l'empattement métallique lors de la fabrication de la bombe et avant mise en peinture.
La jugulaire est constituée d'une longue sangle de toile de type webbing, tressé en losange, pliée en trois et dont toute la longueur (environ 50 cm de long pour 1,5 cm de large) est parcourue de deux traits de couture parallèles.
Une extrémité de la jugulaire enchape une boucle carrée à l'échelle (dimension 2 x 2 cm), semblable à la boucle coulissante employée dans les casques soviétiques de 1938 à 1940.

Cette boucle, fabriquée à partir d'une plaque d'acier évidée, est retenue par sa barre transversale par un trait de couture. L'autre extrémité de la jugulaire coulisse librement dans un des passants du casque puis dans la boucle de réglage et est solidarisé eau passant opposé par couture.

Casque de la défense passive

La coque n'est pas un recyclage de casque US ou Britannique, il s'agit bien d'une fabrication. L'ensemble est plutôt de bonne qualité, il ne s'agit pas d'une fabrication ersatz de guerre. L'exemplaire présenté est dans son état d'origine, y compris la peinture.

La coque est emboutie dans une feuille d'acier qui n'a certainement aucune qualité balistique. Elle est percée de deux trous (à l'avant et à l'arrière) pour la fixation de la coiffe. Deux pontets (de conception identique à celui présenté sur le modèle "Leningrad") sont soudés sur les côtés.

 DP Russe.
Vue avant (remarquer le rivet).
 DP Russe.
Vue de côté.
 DP Russe.
Vue de dessus (rivet visible avant et arrière).
 DP Russe.
Vue de l'intérieur avec la coiffe et la jugulaire.
 DP Russe.
Vue de la coiffe retournée.

La coiffe est composée d'un bandeau de feutre compact de 5 cm de largeur et épais de 5 millimètres sur lequel sont cousus deux tubes de toile. Le premier tube fait 11 centimètres de large, il se termine par un ourlet formant un foureau de 1 cm de large dans lequel passe une ficelle qui permet de régler la coiffe en profondeur (il n'y a aucun réglage du tour de tête). Le second tube fait 3,5 centimètres de large et fait office de bandeau de sudation. Le même tissu est employé.

La coiffe est fixée à l'avant et l'arrière par un rivet qui traverse la coque et le bandeau en feutre, puis se termine par une rondelle précédée d'une plaque en métal de 2 cm sur 10. Sur les côtés, il semble (impossible à voir) qu'un bout de fil de fer soit soudé ou passé derrière le pontet, puis rabattu sur une plaque identique aux autres.

 DP Russe.
Fixation de la coiffe (avant et arrière).
 DP Russe.
Fixation de la coiffe (sur les deux côtés).
 DP Russe.
La jugulaire en tissu avec sa boucle.

La jugulaire en deux parties est fabriquée dans le même tissu que la coiffe. Une bande de tissu est retournée plusieurs fois sur elle-même avant d'être aplatie et cousue sur les deux bords. Une première partie retient la boucle alors que la seconde coulisse dedans.

 DP Russe.
Fixation de la jugulaire au pontet.
 DP Russe.
Fixation de la boucle et passage de la sangle.

Cas particulier

Casque US Model 1917 reconditionné.

Voici un exemplaire particulier utilisé lors de la défense de la ville de Leningrad durant le blocus. Ce casque est vraisemblablement fabriqué à partir d'une coque de casque US Model 1917.
Depuis la première guerre mondiale, la Russie possède un important stock de matériel américain et anglais. Avec la révolution d'octobre 1917, les bolcheviks dirigés par Lénine arrivent au pouvoir et établissent un gouvernement communiste. Cinq mois plus tard, ils signèrent le traité de Brest-Litovsk avec les Allemands, mettant fin à la guerre à l'Est. Cet accord permit aux allemands de redéployer leurs troupes sur le front occidental où les armées britannique et française épuisées n'avaient pas encore été renforcées par la force expéditionnaire américaine. En même temps que la signature du traité, Lénine s'était engagé à ce que la Légion tchécoslovaque pourrait passer à travers la Sibérie pour rejoindre les forces alliées sur le front occidental si elle restait neutre. Cependant, alors que les 50 000 membres de la Légion traversaient la Russie par le Transsibérien jusqu'à Vladivostok, la moitié seulement étaient arrivés avant que l'accord ne soit remis en cause entraînant une reprise des combats en mai 1918.
L'arrivée d'une division allemande en avril 1918 en Finlande dans le cadre de la guerre civile finlandaise suscite la crainte des Alliés que le chemin de fer de Mourmansk-Petrograd, le port stratégique de Mourmansk et peut-être même de la ville d'Arkhangelsk soit hors de contrôle.
Face à cette série d'événements, les dirigeants des gouvernements britannique et français décidèrent que les Alliés occidentaux devaient intervenir militairement en Russie septentrionale. Ils espéraient atteindre trois objectifs avec cette intervention :
- Éviter que les stocks de matériel de guerre alliés à Arkhangelsk ne tombent dans des mains allemandes ou bolcheviques.
- Monter une offensive pour sauver la Légion tchécoslovaque, qui était coincé le long du chemin de fer Transsibérien.
- Ressusciter le front de l'Est en battant l'armée bolchevique, avec l'aide de la Légion tchécoslovaque et d'une force anticommuniste locale alors en expansion.
À court de troupes, les Britanniques et les Français demandèrent au président américain Woodrow Wilson, de fournir des troupes américaines pour ce qui allait être appelé la campagne de Russie septentrionale ou l'intervention alliée dans le Nord de la Russie. En juillet 1918, contre l'avis du département américain de la Guerre, Wilson a finalement accepté une participation limitée à la campagne en envoyant un contingent de soldats de l'armée de terre américaine. Cette force, organisée à la hâte, a été nommée Force expéditionnaire américaine en Russie septentrionale, mais qui a également été connu par la suite sous le nom d'expédition "Ours polaire".
Cette campagne s'est déroulée dans la région d'Arkhangelsk et dura jusqu'en 1919. La présence de troupes alliées durant la guerre civile russe explique pourquoi l'armée rouge ait pu être équipé de matériel américain, anglais ou français.
La photographie de ce membre des forces de défense de Leningrad, armée d'un fusil P14 anglais montre bien ces cas d'utilisation.
Ainsi, ce casque est fabriqué à partir d'une bombe de casque US model 1917, auquel a été retiré le jonc parcourant la circonférence du casque. La coiffe d'origine a été supprimée au profit d'une coiffe de fortune fabriquée durant le siège.
Cette coiffe, constituée d'une jupe de toile, dont la base est repliée sur elle-même et cousue afin de former un ourlet recevant le lacet de réglage en profondeur. La bande de toile, constituant la coiffe, a ses extrémités jointives par deux traits de couture parallèle. Elle est maintenue dans la bombe par son autre longueur pliée trois fois et cousue par deux traits de couture parallèles. Le maintien dans la bombe est assuré par quatre agrafes plates rivetées aux quatre points cardinaux du casque. Ces agrafes sont constituées d'une petite bande métallique, destinée à s'insérer dans deux fentes pratiquées à la base de la coiffe. Le trou sommital, initialement destiné à retenir la garniture intérieure du casque, a été obturé à l'aide d'un rivet renforcé d'une rondelle.
La jugulaire en cuir de fabrication américaine a été remplacée au profit d'une jugulaire de fabrication russe semblable à celle que l'on rencontre sur les casques Ssh 36, 39 ou 40.
Après remise en peinture de couleur vert olive, la bombe de ce casque arbore l'insigne d'une unité de défense anti-aérienne, symbolisant le rayon d'un canon de lumière, croisé d'un canon, sur lesquels figure une étoile faisant référence au régime communiste.

Membre des forces de défense de Leningrad, armée d'un fusil US 17 ou anglais P14.
Membre des forces de défense de Leningrad,
armée d'un fusil US 17 ou anglais P14.

Ce casque a équipé un membre d'une unité de défense anti-aérienne, ayant pu occuper le poste d'artilleur, pourvoyeur, détection acoustique et/ou visuelle, ou manipulation d'un canon de lumière.

Vue de face.
Vue de face.    Collection JP Soulier
Vue intérieure.
Vue intérieure.
Vue de dessus.
Vue de dessus.
Agrafe de maintien de coiffe.
Agrafe de maintien de coiffe.
Jugulaire.
Jugulaire.
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