Estonie

Estonie

Casque Neumann & Co

Fiche

  • Dénomination : "Neumann" (désignation non officielle).
  • Destiné au marché civil, commercialisé par la société Neumann & Co.
  • Coiffe fabriquée en toile de jute montée sur un cerclage métallique.
  • Jugulaire en cuir avec fermeture par boucle à ardillon.
  • Caractéristique : forme proche du casque Adrian modèle 15 français.
  • Fabriqué à partir des années 1930.
  • Distribué à partir des années 1930.
  • Pays d'origine : Estonie.
  • Période d'utilisation : des années 1930 aux années 1940.
  • Matériaux : acier.
  • Poids : 885 g.
  • Taille : unique
  • Couleur : bleu gris satiné.
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Historique

L'état estonien est relativement récent, intégré à l'empire russe depuis 1710, le territoire estonien est en grande partie régie par une noblesse foncière germanophone à qui les dirigeants russes laissent une grande autonomie. Cette noblesse maintien une grande partie de la population autochtone, majoritairement composé de paysans finno-ougriens, dans le servage. Ces conditions sont abolies au 19ème siècle sous pression du pouvoir russe et en partie grâce à quelques germanophones éclairés. Certains de ces derniers, qualifiés d'estoniophiles, s'intéressent à la langue, la culture et l'histoire des autochtones. Des intellectuels membres de la classe moyenne estonienne, qui commence à se former à cette époque, vont prendre le relais en faisant un travail de collecte de la mémoire populaire et en affinant la langue permettant l'apparition des premiers périodiques et ouvrages de fiction en estonien. À la fin du siècle la langue estonienne, dopée par une tentative de russification, commence à se substituer à l'allemand comme langue véhiculaire. En parallèle la proportion de paysans propriétaires s'accroît fortement. Au début du 20ème siècle apparaissent les premiers partis politiques estoniens dont les revendications se cantonnent à une autonomie limitée et à l'égalité de statut avec les germanophones qui conservent une grande partie des pouvoirs.
Avec le déclenchement de la première guerre mondiale, la plupart des divisions militaires estoniennes combattent les troupes allemandes aux côtés des troupes russes.
En 1917, alors que l'Empire russe se désagrège suite à l'abdication du tsar Nicolas II, la diète de l'Estonie, dont les représentants ont été élus la même année, se proclame l'organe officiel du pouvoir en Estonie au cours de la seule session qu'elle tiendra. Peu après, un comité militaire révolutionnaire d'Estonie d'inspiration bolchevique dissout l'assemblée, prend le pouvoir et contraint le gouvernement estonien à rentrer dans la clandestinité. Les négociations de paix entre allemands et russes traînent et l'Allemagne repasse à l'offensive, envahissant l'Estonie le 18 février. Durant la brève vacance du pouvoir, qui sépare le départ des bolchéviques de l'arrivée des Allemands, le comité de salut public, qui a été désigné le 19 février par le comité des Anciens pour diriger le pays, proclame symboliquement l'indépendance de l'Estonie dans ses frontières historiques et ethnographiques. La Russie bolchévique, dont les armées ne peuvent résister à la poussée allemande, accepte le 3 mars 1918 de signer le traité de Brest-Litovsk qui entraine le retrait de la Russie du conflit : la Russie cède les états baltes à l'empire allemand. En août de la même année, elle accepte dans le cadre d'une clause additionnelle de renoncer à sa souveraineté sur les provinces baltes. Les germano-baltes reprennent les commandes de la région sous la tutelle des autorités militaires et annulent toutes les mesures prises en faveur des estoniens depuis le début de la révolution. Environ 2 000 bolchéviques et nationalistes estoniens sont exécutés. Le Duché balte uni, dépendant de l'empereur allemand et restituant le pouvoir à la minorité germano-balte sur les territoires du Baltikum, est créé en novembre 1918. L'Estonie, qui avait proclamé son indépendance le 23 février 1918, devait être annexée par le Reich, mais la défaite allemande du 11 novembre 1918 lui permet d'accéder à la souveraineté.
Cette situation instable conduit à la guerre d'indépendance de l'Estonie (en estonien : "Vabadussõda", c'est-à-dire "guerre de la Liberté") également connue sous le nom de guerre de libération de l'Estonie. Il s'agit d'une campagne défensive menée par l'Estonie et ses alliés, notamment le Royaume-Uni, la Finlande, la Suède et le Danemark, pour repousser l'offensive de l'armée rouge de 1918-1920 sur le front occidental déclenchée dans le cadre de la guerre civile russe. L'Estonie défendait son indépendance nouvellement acquise après la désintégration de l'empire russe et l'invasion par l'empire allemand. Le conflit se conclut par la victoire de l'Estonie formalisée par le traité de Tartu.
L'indépendance de l'Estonie est reconnue en 1919 par la communauté internationale et le pays connait sa première période d'indépendance jusqu'en 1940.

Soldat estonien coiffé du casque modèle 40 de conception polonaise.
Soldat estonien coiffé du casque modèle 40 de conception polonaise.

Les terres agricoles encore détenues par la noblesse germanophone sont redistribuées aux paysans et un régime parlementaire est instauré. Celui-ci, menacé durant la grande dépression par la montée d'un mouvement populiste, se mue en 1934 en régime semi-autoritaire.

Encart publicitaire publié dans un journal estonien de janvier 1940.
Encart publicitaire publié dans un journal estonien de janvier 1940.

Parallèlement l'Estonie développe une petite force armée équipé dans un premier temps de manière hétéroclite avec de l'équipement majoritairement allemand et russe. Durant les années 1930 avec la montée des fascismes en Europe, l'Estonie modernise son armée et se tourne auprès de la Pologne pour s'équiper d'un casque moderne. L'armée estonienne adopte en 1940 un casque expérimenté au sein de l'armée polonaise et non adopté. De forme très proche du casque modèle 37 suédois, ce casque est équipé d'une coiffe en cuir montée sur quatre lames ressort à l'instar du casque Adrian modèle 26 français.
Ces tensions géopolitiques s'accompagnent aussi d'un fort développement des mesures de protections civiles et dont l'équipement peut être acquis auprès de sociétés civiles comme la société Neumann & Co. localisée à Tallinn qui fabrique divers équipements de protection. Entre autres, cette société a fabriqué une petite quantité de casques dont la forme rappelle celle du casque Adrian modèle 15 français qui fut commercialisée durant les années 1930. Ce casque que l'on désignera casque Neumann fut un casque d'achat personnel pour un usage de protection civile. Seule une petite quantité fut produite de manière artisanale, et seulement quelques exemplaires furent retrouvés à Tallinn dans les années 1990.
Au début de la seconde guerre mondiale, l'Estonie est d'abord envahie en juin 1940, ainsi que le prévoyaient les clauses secrètes du pacte germano-soviétique (en même temps que les deux autres pays baltes), par l'URSS qui y organise un "plébiscite" pour donner à l'annexion du pays une apparence de légitimité. Quelque 13 000 Estoniens furent déportés par les soviétiques et seule une minorité survécut au Goulag ; ils furent remplacés après la guerre par des colons russes. Beaucoup d'Estoniens se réfugièrent dans la campagne où ils formèrent des maquis.
En 1941, l'Estonie est occupée par la Wehrmacht, accueillie en libératrice par la population sortant d'un an de terreur rouge exercée par le NKVD et l'Armée rouge. Le pays sera intégré à l'URSS au lendemain de la guerre jusqu'à son indépendance en 1991.

Casque Neumann & Co.

Constitution

La coque :

Vue avant.
Vue avant.
Vue de côté.
Vue de côté.
Vue arrière.
Vue arrière.
Vue de dessus.
Vue de dessus.
Bordure retournée.
Bordure retournée.
Soudures latérales de la visière.
Soudures latérales de la visière.
Soudures latérales de la visière.
 
Détails des soudures de la bombe.
Détails des soudures de la bombe.
Points de soudure retenant la visière.
Points de soudure retenant la visière.
Points de soudure retenant la visière.
 

Le casque commercialisé par la société Neumann & Co. est fabriqué de manière artisanale. Il n'est pas issu d'une production industrielle avec une chaîne de production de produits manufacturés par emboutissage. La fabrication de la bombe est complexe et les nombreuses lignes de soudure attestent d'une fabrication manuelle. Le casque Neumann est fabriqué en taille unique en acier magnétique et affecte une forme très proche du casque Adrian modèle 15 français. Contrairement au modèle français, ce casque est composé de deux parties seulement : le cimier est partie intégrante de la calotte.
La calotte est fabriquée à partir de deux plaques d'acier en forme de demi-cercle. L'arc de cercle est rainuré à environ 15 millimètres du bord pour faciliter le pliage de la bordure pliée à environ 50° à l'exception des extrémités laissées plates. Chaque plaque est incisée à six reprises en rayon d'environ 75 millimètres pour faciliter la mise en forme ronde du casque. Les plaques sont cintrées puis soudées bord à bord sur la bordure en arc de cercle. Les incisions sont rejointes par soudure. Les soudures sont ensuite meulées à l'extérieur pour finalement être invisibles après mise en couleur du casque.
La bordure de la calotte est ensuite moulurée pour permettre la pose ultérieure de l'ensemble visière-garde-nuque. Une gorge est ménagée intérieurement par repoussage du métal. Elle a une largeur d'environ 10 mm et une profondeur de 3 millimètres. Elle forme extérieurement, le bourrelet semi-cylindrique caractéristique d'un casque Adrian modèle 15.
La visière et le garde-nuque, de formes ogivales, sont découpés dans une tôle de même nature que la calotte et cintrés. Ils sont calculés pour former avec l'horizontal, un angle d'environ 22°. Leur largeur dans l'axe longitudinal fait 45 millimètres à l'avant et à l'arrière.
Les deux pièces sont assemblées entre elles par leurs extrémités soudées bord à bord. La soudure est meulée pour être invisible à l'extérieur et légèrement visible à l'intérieur en raison de la concavité de cette face.
Enfin le bord vif inférieur de l'ensemble est plié mécaniquement sur l'intérieur afin de former le jonc de bordure. Celui-ci tout en éliminant le bord coupant et en raidissant l'ensemble, participe en outre à la consolidation de l'assemblage latéral des ailes du casque.
L'ensemble visière garde-nuque forme maintenant un genre d'entonnoir inversé, dans l'ouverture supérieure duquel se loge dans la bordure moulurée du casque. Ces deux éléments ne sont pas sertis comme sur l'Adrian français, mais sont maintenus ensemble par plusieurs points de soudure. Un trou est pratiqué aux quatre points cardinaux du casque pour l'installation de l'aménagement intérieur à l'aide de rivets fendus.
La bombe est ensuite peinte de couleur bleu gris appliquée de manière satinée. Cette peinture tend vers le gris avec le temps, toutefois le fond de la bombe protégée par la coiffe reste bien bleu.
À contrario du casque modèle 15 français, le casque Neumann affecte une forme parfaitement symétrique d'avant en arrière.

La coiffe :

Tête de rivet latéral.
Tête de rivet latéral.
Vue intérieure.
Vue intérieure.
Tête de rivet avant ou arrière.
Tête de rivet avant ou arrière.
Vue intérieure.
Vue intérieure.
Cerclage métallique, jointure soudée.
Cerclage métallique, jointure soudée.
Jointure toile de la coiffe.
Jointure toile de la coiffe.
Revers patte de coiffe.
Revers patte de coiffe.
Patte de coiffe.
Patte de coiffe.
Marquage de la société Neumann & Co.
Marquage de la société Neumann & Co.
Bandeau de tissu frontal.
Bandeau de tissu frontal.
Coiffe, vue d'ensemble.
Coiffe, vue d'ensemble.

La coiffe du casque Neumann est montée sur un cerclage de 20 millimètres de largeur dont les extrémités sont soudées bord à bord. Le cerclage est percé d'une vingtaine de trous pour le maintien de la coiffe en toile de jute assuré par un fin fil de couture.
La coiffe est formée dans une bande de toile de jute dont une des longueurs présente quatre incisions de 9 centimètres réparties tous les 15 centimètres pour former quatre pattes de coiffe.
Les coins de chaque incision sont repliés sur le revers pour former les pattes de coiffe de forme triangulaire. Les pliures sont solidarisées par couture périphérique, la pointe des triangles formés est repliée sur le revers puis solidarisée à l'aide d'un œillet métallique creux peint en rouge brique. Ces orifices sont destinés au passage du lacet de réglage en profondeur de la coiffe. Enfin une ligne de couture parcoure l'axe transversale des pattes de coiffe puis se rabat sur la droite. Les extrémités de la coiffe en toile sont jointives par couture pour former le bonnet de la coiffe. La partie frontale de la coiffe est doublée d'une bande de tissu écru surpiqué de bleu de dimension 18 x 4 centimètres.
La patte arrière de la coiffe comporte un tampon de la société Neumann & Co. de dimension 9 x 3,5 centimètres, ce tampon appliqué au tampon encreur de couleur bleu présente la raison sociale de la société commercialisant le casque (Neumann & Co.), son adresse (Pärnu 10-13, Tallinn), ainsi qu'un numéro de téléphone (412-48).
La coiffe est solidarisée sur le cerclage métallique à l'aide de fil de couture parcourant toute la circonférence du cerclage. L'ensemble est maintenu dans la bombe à l'aide de quatre rivets fendus à tête bombée fabriqués en acier nickelé.

La jugulaire :

Partie longue, envers/revers.
Partie longue, envers/revers.
Partie courte, avec boucle à ardillon.
Partie courte, avec boucle à ardillon.
Partie courte, avec boucle à ardillon.
 

La jugulaire est maintenue dans la bombe par les rivets latéraux retenant le cerclage métallique de la coiffe.
La jugulaire est fabriquée en deux parties à partir de bandes de cuir épais de 2 millimètres pour 14 millimètres de large. Le cuir employé est rainuré sur les côtés. La partie la plus courte (environ 15 centimètres) possède la boucle à ardillon fabriquée en acier nickelé permettant la fermeture. Cette boucle est de forme presque carrée (dimension 20 x 21 millimètres) à double passants et dont les angles sont légèrement arrondis. Cette boucle présente un côté (le plus épais) incurvé afin de mieux épouser la bande de cuir sur laquelle elle est installé. La boucle retient un anneau en cuir dont extrémités sont cousues bord à bord pour retenir l'excédent de jugulaire.
L'autre partie de la jugulaire, plus longue (environ 42 centimètres), comporte huit trous permettant autant de possibilités de position de fermeture. L'extrémité de cette partie est taillée en pointe arrondie pour faciliter son insertion dans la boucle à ardillon de fermeture.

Jugulaire, vue d'ensemble.
Jugulaire, vue d'ensemble.
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