
Suède
Casque Modèle 21
Fiche
- Dénomination : modèle 21 type "flat".
- Destiné à une utilisation générale, puis reversé à la "Civilförsvaret".
- Coiffe en cuir montée sur un cerclage métallique.
- Jugulaire en cuir en deux parties, fermeture assurée par une boucle à ardillon.
- Fabriqué à partir de 1921.
- Distribué à partir de 1922.
- Pays d'origine : Suède.
- Période d'utilisation : de 1922 aux années 1950.
- Matériau : acier spécial.
- Poids : 1200 g (varie en fonction de la taille).
- Taille : 3 tailles (66, 69 et 72).
- Couleur : gris/vert pour l'armée et bleu marine pour l'armée de l'air.

Casque modèle 21 "flat" de l'armée de l'air.

Casque modèle 21 "flat" initialement reversé à l'armée de l'air, puis reconditionné pour l'armée de terre et enfin affecté à la "Cilvilförsvaret".
Historique
Neutre durant la première guerre mondiale, la Suède bien qu'à l'écart du conflit s'intéressa aux différentes avancées technologiques en matière d'armement et de défense avec l'apparition des premiers casques modernes durant les années 1915-1916, en raison de l'enlisement du conflit dans une guerre de tranchées et l'augmentation des pertes dues aux coups portés à la tête, principale zone du corps exposée dans la guerre de tranchées. Avec la création du casque Adrian modèle 15 par la France, son adoption par l'armée belge, italienne, russe et bien d'autres par la suite ; avec la création du casque Mark I par l'Angleterre et adopté par l'ensemble des états membres du Commonwealth en 1916 ; et enfin le casque modèle 16 ("Stahlhelm" 16) allemand, l'état-major de l'armée suédoise pris la décision de la mise en étude d'un casque national en août 1917. |
![]() Modèle expérimental basé sur le casque français Adrian modèle 15. |
![]() Prototype B. |
Les premiers prototypes suédois sont clairement inspirés du casque Adrian modèle 15 français. Munis d'une large visière fabriquée en deux pièces, la calotte de ces casques est équipée d'un cimier rapporté ou formé par une crête lors de la fabrication de la bombe. Dès le départ, les prototypes du futur casque national sont munis des trois couronnes reprises de l'emblème du képi de la tenue réglementaire modèle 1906. |
L'étude de ces casques montra l'importance d'une protection frontale mais aussi de la nuque. La forme allemande procurait la meilleure protection mais pour un encombrement trop important. Un prototype, désigné B, très semblable au casque allemand fut créé, tout en reproduisant son défaut majeur. Un autre prototype, désigné A, avec une forme plus singulière ne donnait pas lieu à cette critique. Le cahier des charges établi par l'armée souhaita comme l'ensemble des armées de l'époque de personnaliser son casque pour se distinguer des autres. Pour cela la Suède souhaitait ajouter un petit cimier au sommet du casque et utiliser l'écusson national aux trois couronnes à l'avant du casque. Fixé par des rivets mécaniques lors de la fabrication des modèles expérimentaux, il était prévu de fixer cet insigne par soudure pour la production en série.
L'étude des casques étrangers révéla aussi que le type de coiffe utilisée dans les casques allemands et suisses était plus facilement adaptable aux différents tours de tête et fut préconisé dans le cahier des charges. Le rembourrage à utiliser devait être plusieurs épaisseurs de bande de feutre, matériaux très bon marché et facilement remplaçable en cas de pénurie par n'importe quel type de rembourrage comme du crin de cheval. Ce type de coiffe permet une très bonne ventilation puisque l'air peut circuler entre la bombe et le crâne entre chaque coussinet composant la coiffe.
Durant la phase expérimentale, 50 exemplaires du modèle A et 70 unités du modèle B furent fabriqués et envoyés en unités afin d'être testés :
- Le prototype A fut fabriqué dans un alliage d'acier avec 0,37% de carbone, 0,59% de manganèse, 1,53% de silicone, et 1,89% de nickel ; pour un poids d'environ 1 kg. Il était peint à l'instar des casques allemands camouflés durant la première guerre mondiale, en trois couleurs : jaune, brun et vert, dont les taches étaient séparées par une ligne noire.
- Le modèle B, fabriqué dans un alliage d'acier composé de 0,44% de carbone, 1,02% de manganèse, 0,15% de silicone, et 4,20% de nickel, pesait 1,3 kg. Ce modèle était peint de couleur gris/bleu de manière rugueuse par adjonction de crin de cheval dans la peinture.
Ces modèles furent produits avec de nombreuses variantes durant la phase d'essai : différents exemplaires de coiffe, bombe avec bordure adoucie ou tranchante, différentes fermeture de jugulaire... etc.
Les essais au sein de la troupe durèrent jusqu'au printemps 1920 sans qu'aucun des modèles testés fut retenu. Les études continuèrent pour finalement aboutir à l'adoption d'un casque satisfaisant les différents points du cahier des charges. Adopté par ordre général du 8 décembre 1922 sous la dénomination casque modèle 21, ce casque original sera produit en deux versions afin d'obtenir un compromis entre les prototypes modèle A et B.
Les deux modèles possèdent une bombe de forme similaire pour la partie supérieure avec un léger cimier. Une première version est fabriquée avec une bordure relevée horizontalement : ce casque est désigné dans la communauté des collectionneurs comme modèle 21 "flat" ("flat" pour plat).
Une seconde version fut fabriquée avec une bordure verticale, et est désigné dans le milieu de la collection comme modèle 21 "high" ("high" pour haut).
Fabriqués en trois tailles, les deux versions du casque modèle 21 furent produites dans les aciéries Eskilstuna et reprennent chacun d'eux les mêmes éléments d'aménagement intérieur.
Les casques modèle 21 furent utilisés dans l'armée suédoise jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale, malgré l'adoption des casques modèle 26 et 37, ceci en raison d'une forte mobilisation de l'armée dans une Suède plongée au cœur d'une Europe en guerre.
Une grande partie de ces casques fut ensuite reversée à la défense civile ("Cilvilförsvaret"), au sein de laquelle les insignes d'appartenance à l'armée suédoise furent supprimés.





Constitution
La coque :
Armée de l'air.
![]() Vue avant. |
![]() Vue de coté. |
![]() Vue arrière. |
![]() Vue de dessus. |
![]() Vue de biais. |
![]() Insigne frontal. |
![]() Marquage taille. |
La bombe du casque modèle 21 "flat" fut fabriquée en trois tailles : 66, 69 et 72 centimètres de circonférence au niveau de la position du cerclage de coiffe. La bombe est formée par emboutissage progressif d'une feuille d'acier, un léger cimier est formé au sommet du casque lors de la presse de la plaque d'acier. Après formation, la bordure est découpée, le bord tranchant est adouci d'un jonc en acier jointif à l'arrière et sur lequel la taille de la bombe est estampée à froid à l'intérieur à l'avant du casque. |


Exemplaire affecté à l'armée de l'air démuni de jonc sur sa périphérie.
A noter que nous avons rencontré un exemplaire démuni de jonc, son état d'origine attestant qu'aucun jonc n'ait été monté lors de sa fabrication. On peut supposer qu'un certain nombre de casque modèle 21 "flat" a été fabriqué sans jonc, sans doute en début de production.
Armée de terre.
![]() Vue avant. |
![]() Vue de coté. |
![]() Vue arrière. |
![]() Vue de dessus. |
![]() Vue de biais. |
![]() Insigne frontal. |
Les casques modèle 21 "flat" affectés à l'armée de terre étaient peints de couleur gris mat, initialement sans insigne. Ces casques seront pour la plupart munis d'insigne à partir de 1940, d'abord appliqué par peinture puis par décalcomanie à partir de 1942. |
![]() Marquage taille. |
![]() Numéro estampé. |
Reconditionnement.


Exemplaire initialement affecté à l'armée de l'air, puis reversé à l'armée de terre avec application du décalcomanie de l'armée ("Nationalitetsbeteckning m/42 för hjälm" introduit en 1942).


Exemplaire initialement reversé à l'armée de l'air, puis reconditionné pour l'armée de terre et enfin affecté à la "Cilvilförsvaret".
Le casque modèle 21 "flat" eut une carrière assez longue au sein de l'armée suédoise et fut utilisé conjointement aux casques modèle 26 et 37 malgré son côté désuet. On note des cas de reversements de casques de l'armée de l'air initialement peints en bleu et repeint en gris mat pour être utilisé au sein de l'armée. Le nombre important d'exemplaires de modèle 21 "flat" reconditionné en gris pour le compte de l'armée peut laisser supposer que ce modèle fut principalement affecté à l'armée de l'air au début de son utilisation.
L'application du blason de couleur bleu, contenant trois couronnes de couleur jaune, apposé de chaque côté des casques à la peinture durant la période 1940-41, avant l'adoption officielle d'une décalcomanie pour l'armée ("Nationalitetsbeteckning m/42 för hjälm"), introduit en octobre 1942, atteste de l'utilisation du casque modèle 21 tout version confondu durant la seconde guerre mondiale.
Les insignes :
![]() Armée de l'air. |
![]() Armée de terre (insigne peint 1940-41). |
![]() Insigne décalcomanie introduit en 1942. |
![]() 26ème de cavalerie (insigne non officiel). |
![]() Héraldique de la Suède. |
La couleur du casque modèle 21 dépend de l'affectation du casque, bleu marine satinée pour l'armée de l'air, gris mat pour le reste de l'armée. |
La coiffe :
![]() Intérieur bombe. |
![]() Extérieur patte de coiffe. |
![]() Coiffe - vue extérieure. |
![]() Coiffe - vue intérieure. |
![]() Dos patte de coiffe. |
![]() Compartiment de rembourrage. |
![]() Coussinets rembourrés de crin de cheval. |

Détails couture patte de coiffe et passage du lacet de fermeture du compartiment de rembourrage.
![]() Trou de fixation latéral. |
![]() Trou de fixation arrière. |
![]() Rivet fendu en aluminium. |
![]() Rivet fendu en laiton. |
![]() Exemple en aluminium repeint. |
![]() Exemple de patte de coiffe réparée. |
![]() Coiffe. |
La conception de la coiffe est calquée sur celle du casque modèle 16 allemand montée sur cerclage en acier. La coiffe suédoise est constituée de trois pattes de cuir, dont la base est scindée en deux parties. Chacune d'elle percée d'un trou pour le passage du lacet du réglage en profondeur, initialement constitué d'un lacet en cuir et souvent remplacé par un lacet en coton.
Les pattes en cuir possède une bande rectangulaire de tissu, cousue sur trois côtés, latéralement pris dans les côtés repliés sur eux-mêmes des pattes de coiffe. Cette bande de tissu, généralement de couleur noire, sert de compartiment de rembourrage de coiffe.
Le rembourrage de chaque patte de coiffe est assuré par un sachet (petit sac en toile, ouvert sur un des côtés) rembourré de crin de cheval. Chacun de ces coussinets de rembourrage est positionné dans chaque compartiment prévu à cet effet.
Ensuite, chacune des pattes de coiffe est directement cousue sur le cerclage métallique à l'aide de gros fil de couture à travers des trois séries de 20 trous pratiqués aux trois tiers du cerclage. A noter qu'au niveau de la médiane des positions de chaque patte sur le cerclage, un morceau de gros fil de couture traverse le cerclage par deux trous prévus à cet effet. Il est destiné à assurer la fermeture des compartiments de rembourrage en traversant ceux-ci sur leur axe transversal. Les extrémités de ce fil sont insérées à l'aide d'une aiguille puis sont nouées pour les empêcher de sortir du morceau de toile.
Le cerclage métallique est constituée d'une bande métallique large de 30 milimètres dont une des longueurs est repliée sur elle-même dans le but de le renforcer. Il est jointif à l'arrière par superposition de ses extrémités et dont la jointure est solidarisée par le pliage de sa longueur extérieure. Le cerclage est roulé de manière conique afin de mieux épouser les parois internes de la bombe.
Le cerclage est initialement peint de couleur similaire à la bombe dans laquelle la coiffe est destinée à être montée, mais on note de nombreux exemplaires de casque modèle 21 peint en bleu marine pour le compte l'armée de l'air avec des coiffes au cerclage gris destinées aux casques du reste de l'armée. Dans ces remontages, on constate aussi des coiffes remontées aux cerclages repeints démontrant une utilisation et reconditionnement de ces casques assez soutenu.
La coiffe est maintenue dans la bombe par son cerclage qui est fixé à l'aide de trois rivets fendus en aluminium ou en laiton à tête hémisphérique au sommet légèrement aplati. La tête de ces rivets est peinte séparément de la bombe.
Les marquages d'affectation :
![]() I.24 - 1923. |
![]() I.26 - 1924. |
![]() F.12. |
![]() 283, probablement "Cilvilförsvaret". |
On peut noter la présence de marquages estampés sur une des pattes de coiffe. Ceci est plus courant sur les casques affectés à l'armée de l'air. Généralement on trouve l'année de fabrication du casque en quatre chiffres. On peut aussi rencontrer le numéro du commandement aérien au sein de laquelle le casque est utilisé. Ce marquage peut être surmonté d'une couronne royale, ou de trois couronnes disposées en quinconce à l'instar de l'héraldique suédois. Il est composé soit de la lettre F pour "Flygflottilj" (commandement aérien en suédois), ou I pour régiment d'infanterie ("Infanteriregementen" en suédois), ou encore K pour la cavalerie ("Kavalleri" en suédois). Cette lettre est suivie du numéro de l'unité.
L'ensemble des unités de l'armée de l'air est consultable sur wikipédia.
Les marquages d'affectation sont plus rares pour les casques affectés aux autres corps d'armée.
La jugulaire :
![]() Pontet articulé fixé par un rivet fendu, jugulaire maintenue par couture. |
![]() Point de fixation légèrement plus bas que la coiffe. |


Jugulaire, partie longue et courte, fermeture par boucle à ardillon.
![]() Demi-jugulaire d'origine. |
![]() Demi-jugulaire de réparation. |
![]() Casque muni de deux demi-jugulaires différentes suite à réparation. |
La jugulaire est composée de deux bandes de cuir d'une largeur de 1,5 centimètre. La partie la plus courte d'une longueur de 20 cm, comporte la boucle à ardillon permettant la fixation. Cette boucle est fabriquée en laiton nickelé, et est de forme arrondie à base plate. Elle est maintenue par une couture en forme de "U" dans la jugulaire pliée sur elle-même au niveau du côté plat de la boucle. Au dos de cette couture est maintenu simultanément un petit morceau de cuir de forme trapézoïdale destiné à protéger la peau du contact de la boucle. Dans cet assemblage est solidarisé un anneau en cuir destiné à maintenir l'excédent de jugulaire.
L'autre partie de la jugulaire d'une longueur d'environ 28 centimètres, possède 7 trous permettant autant de possibilités de position de fixation. Bien souvent après réglage de la jugulaire, l'excédent de la partie longue est pliée pour être insérer dans l'anneau en cuir retenu avec la boucle à ardillon.
Ces deux parties de la jugulaire sont solidarisées aux deux passants de jugulaire en se repliant sur elles-mêmes par une couture en forme de "U" pratiquée avec un fil épais. Les deux passants de jugulaire sont composés de deux anneaux rectangulaires, aux angles arrondis, pivotant sur une patte métallique repliée sur elle-même. Le tout jouant le rôle d'une charnière. Les deux passants sont fixés par le même principe de fixation de la coiffe, mais indépendamment de celle-ci, à l'aide d'un rivet fendu.
A noter que l'on peut rencontrer un second type de jugulaire installé dans les casques modèle 21 "flat". Cette jugulaire, habituellement utilisée dans les casques modèle 26, reste très proche du modèle initial. Elle est composée de deux bandes de cuir d'une largeur de 1,5 centimètre. La partie la plus courte d'une longueur d'environ 8 centimètres, possède la boucle à ardillon permettant la fixation. Différente, cette boucle est de forme rectangulaire à double passant, dont les coins sont arrondis. Le dos de la boucle comporte une pièce de cuir de forme trapézoïdale, et ne comporte plus d'anneau de cuir pour retenir l'excédent de jugulaire, la boucle étant désormais à double passant. L'ensemble étant fixé avec deux rivets mécaniques.
L'autre partie de la jugulaire d'une longueur d'environ 39 centimètres, possède 14 trous permettant autant de possibilités de position de fixation.
Ces deux parties de la jugulaire sont maintenues avec deux rivets, en se repliant sur elles-mêmes, aux deux passants de jugulaire différents du premier modèle. Les deux passants de jugulaire sont composés de deux anneaux rectangulaires aux angles arrondis, plus grands que les passants de jugulaire du premier type (2 centimètres de hauteur), pivotant sur une patte métallique repliée sur elle-même, jouant le rôle de charnière. Les deux passants sont fixés par le même principe de fixation de la coiffe, mais indépendamment de celle-ci, car ils sont situés légèrement plus bas.
On peut supposer que l'ensemble, passants articulés et jugulaire, a été remplacé sur certains exemplaires suite à détérioration de la jugulaire montée à la fabrication du casque. Un exemplaire muni d'une demi-jugulaire de chaque type étayant cette hypothèse.
Quelques exemples



Casque peint en bleu nuit de l'armée de l'air, fabriqué sans jonc.



Casque peint en bleu nuit pour le compte de l'armée de l'air.




Autre exemplaire attribué à l'escadrille "Flygflottilj" 12 de l'armée de l'air, ancienne escadrille suédoise de 1942 à 1980, basée à Kalmar situé sur la côte du Sud-Est de la Suède.



Casque attribué au 26ème de cavalerie (service vétérinaire), qui était basée dans le sud de la Suède. Insigne précoce, non officiel, avant l'adoption du blason à trois couronnes en 1942.



Exemplaire initialement affecté à l'armée de l'air, puis reversé à l'armée et enfin attribué à la "Cilvilförsvaret".



Exemplaire initialement affecté à l'armée de l'air, puis reversé à l'armée (muni d'insignes décalcomanies appliqués à partir de 1942).



Exemplaire muni d'une demi-jugulaire de réparation, avec insigne peint durant la période 1940-1941.